L’avenir a une sale odeur de brûlé. Chaque jour qui passe suffit à nous le rappeler un peu plus. Entre crise écologique, dérives autoritaires, exacerbation de haines en tous genres et perspectives d’une combinaison des tous ces éléments, l’horizon semble bouché. Il y a un futur, mais il donne envie de fuir. Cette vision me semble plutôt partagée autour de moi, et, entre personnes de la tranche 25-35 ans, elle vient forcément heurter l’envie d’avoir des enfants. Comment assumer la responsabilité de donner la vie à un enfant dont l’avenir semble condamné ? C’est la question que je me pose. Ce documentaire interroge l’incidence de cette perspective d’avenir sur le désir d’enfants chez moi et les personnes qui m’entourent en s’appuyant sur des paroles qu’on peine habituellement à sortir de l’espace intime.
Malgré tout ce que l’on peut penser, que l’on veuille des enfants ou non, certains sont déjà là et quoiqu’on en pense, d’autres continueront de venir au monde.
Que peut-on faire pour leur léguer de quoi être les plus heureux possible malgré tout ce qui les attend ? Comment émanciper et développer des manières d’être au monde permettant la joie dans un monde en feu chez nos enfants et ceux des autres ? Peuvent-ils nous aider à nous libérer des chaînes qui nous lient à ce monde ?
La question de l’égoïsme écartée, on peut tout de même se demander si l’on fait face à un déni. Il est évident que le déni existe quant à la façon dont nous devons changer nos modes de vie pour conserver un monde habitable et en paix. Mais va t-il jusqu’à masquer dans nos esprits les conséquences du monde qui se profile sur la vie de nos enfants ?
Est-ce que l’espoir qui est dans toutes les bouches lorsque l’on parle d’enfant et d’avenir est alimenté par ce déni, en est-il la cause ? Ou bien la conséquence d’un mouvement de résistance envers ce monde que l’on rejette ?
Le fait que peu de gens se pose la question du monde dans lequel leurs enfants vivront interroge les raisons pour lesquelles on désire des enfants. En dehors des phénomènes de norme sociale et au moment où l’on a à la fois des moyens de contraception et de prévision de l’avenir proche, si la question de la responsabilité que l’on a envers nos enfants ne se pose pas, on peut alors se demander si aujourd’hui avoir des enfants est un acte révélant seulement de l’égoïsme.
Il m’est difficile d’envisager d’avoir un enfant en ayant en tête les perspectives d’avenir actuelles. Imaginer que par ma volonté un enfant subira les crises dont on observe aujourd’hui les premières manifestations me bloque car il m’est difficile d’imaginer que l’on puisse être heureux dans ce futur.
J’ai questionné des amis et des personnes plus ou moins proches de moi à ce sujet pour observer si ce sujet était prégnant dans mon entourage et quels points de vue il suscite.